Bonjour Jaemin, peux-tu te présenter ?
Je suis designer graphique, je viens et ai grandi à Séoul. Je suis né en 1979, et ai créé mon atelier de création graphique en 2006 dans lequel je travaille l’impression, l’identité visuelle, la communication digitale et interactive avec mes associés. Nous avons aussi un shop qui vend des produits de tous les jours qui s’appelle TWL. J’ai aussi mes projets personnels, comme des pochettes de disques, des affiches de concerts, couvertures de livres etc. J’enseigne également la communication visuelle à l’Université de Séoul à mi-temps, et suis le papa à plein temps d’un petit chat qui s’appelle Siru.
I am a graphic designer from, and currently based in, Seoul. I was born in 1979, established a graphic design studio fnt in 2006 to work on print design, identities, interactive/digital media and more, with my partners. My partners and I also run a select shop selling everyday goods called TWL. Otherwise, I take on personal design projects such as album covers, concert posters, book covers, etc. I also teach Visual Communications at the University of Seoul part-time, though I’m a full-time dad of a little cat call Siru.

Qu’est-ce qui influence ton travail ?
Petit, je jouais aux jeux-vidéos, lisais des BDs, dessinais et écoutais de la musique. Le fait de grandir dans les 80’s m’a beaucoup influencé, il y a beaucoup d’éléments forts de cette époque, comme les dégradés, la 3D et les enseignes néons, les images surréalistes, le rétro futurisme, les tout premiers ordinateurs et la géométrie 3D… J’ai aussi beaucoup été influencé par des couvertures de vinyles, les versions pirates de manga japonais, les figurines en plastique et des jeux vidéo entre autres.
Ma plus grande influence est probablement ma mère, elle est artiste – elle peint dans le style oriental des illustrations botaniques. Grandir en la voyant évoluer en tant qu’artiste m’a clairement orienté vers un mode de vie créatif.
Ever since I was young, I always prefered to stay at home rather than to be active outdoors. I would play video games, read comic books, draw or doodle and listen to music on my own. Because my childhood was in the 80’s, I believe I grew up strongly influenced by many striking visual elements of the time, including sprinkle explosion, gradation, 3D and neon logos, surreal images, retro-futurism, the very first computer graphic and its rough polygons… I was also very much influenced by various vinyl covers I liked, pirate versions of Japanese manga, animation, plastic models, and video games among many more.
The biggest influence in my life though, would be my mother. She is an artist – a painter of orientalism, especially of detailed botanical art. Witnessing her life as an artist while growing up undoubtedly helped me to choose this path

Quel parcours as-tu suivi pour en arriver là ?
J’ai étudié dans un lycée spécialisé en art, et ensuite été diplômé en design. Le programme n’était pas vraiment axé sur le design graphique ou industriel, mais ça m’a permis de commencer à faire mes armes dans ce domaine. Comme je l’ai déjà évoqué, mon background familial et le fait d’avoir grandi entouré d’éléments visuels forts m’a donné l’envie de construire une carrière dans ce domaine. J’ai par la suite étudié la communication visuelle à l’Université Nationale de Séoul et ai travaillé dans plusieurs boites avant de lancer mon propre studio.
I was accepted to an art high school, and majored in Design. The course did not deal with in-depth studies in areas such as Graphic Design or Industrial Design, but it allowed me to have a head start in the career path in life. As my previous answer explains, my family background and having had the privilege to enjoy various graphic elements in my childhood naturally led me to want a job that creates something visual. Later, I studied Visual Communication Design at Seoul National University, worked in a few companies as a designer, then started my own studio.
Quels sont pour toi les éléments qui définissent ton style ?
Le manque de netteté et l’imprécision entre le texte et l’image m’intéressent beaucoup. Le texte ou la typographie peuvent être altérés pour être plus ou moins clairs, tout dépend de la façon dont leurs éléments sont manipulés. C’est ce qui m’a amené à la typographie comme moyen de communication.
I am interested in the vagueness and impreciseness between text and image. Text, or typography, can be altered to be as clear, or as unclear as you wish, depending on the way its elements are handled. This is what draws me to typography, as a medium of communication.
Tu travailles et vis à Séoul, peux-tu nous en dire plus sur la vie culturelle coréenne ?
Pour être honnête, il y a tellement d’autres villes dans le monde qui ont plus à offrir que Séoul culturellement parlant. Séoul se différencie, qu’on l’aime ou pas, par son énergie et son dynamisme, et un sens du désir. Certains parents se battent pour vivre dans tel ou tel quartier, pour mettre leurs enfants dans de bonnes écoles. Certains immeubles des quartiers les plus demandés ont tout ce dont on peut avoir besoin: une crèche, des écoles, une banque, des magasins adultes, des restaurants et bars, des hôpitaux et pharmacies, et même des compagnies d’assurance. La nuit, tu peux prendre un verre dans un bar ou même dans la rue, commander à manger peu importe l’heure et l’endroit. Cette mentalité hyperactive et infatigable vient du dynamisme des Coréens. Parfois je m’y retrouve, mais je trouve ça un peu révoltant aussi. J’ai l’impression que ce mode de vie est de plus en plus présent, et je pense que les jeunes graphistes Coréens en sont de plus en plus influencés.
To be honest, there are so many other cities around the world that offer great cultural experience in comparison to Seoul. What Seoul stands out for is that whether you like it or not, it is full of energy and dynamism, and a sense of craving. Some parents fight to live in a specific area of Seoul in order to send their children to good schools. Some buildings in areas with high population density have everything you need in life: baby supplies, educational centers, bank, adult store, restaurants and bars, hospitals and pharmacies, and even insurance companies. Over night, you can drink at a pub or a bar(or on the streets, even), and order anything you want to eat at anytime of the day, wherever you may be. This system of busy-ness and lasting energy derives from the dynamic personalities of the citizens of Korea. I sometimes relate to such scene of life and enjoy it myself, but at times I find it a bit disgusting in a way. I feel that this phenomenon is becoming stronger nowadays, and think that young graphic designers of Korea are being influenced by it to some extent.
Quels sont les endroits qui t’inspirent le plus?
En général, les gens font de nouvelles expériences en quittant leur zone de confort et en s’exposant à une nouvelle culture, un nouvel environnement etc. Mais je ne voyage pas en espérant avoir une révélation qui m’inspire. C’est plus une question de trouver une certaine énergie dans une autre mode de vie, un peu comme un athlète. Quand je me rends dans un nouvel endroit ou que je voyage, c’est surtout pour prendre des vacances et me détendre; cela peut aussi être dans un bar calme ou un disquaire qui réussit à survivre en Corée.
Generally, people feel and experience new things when they leave their comfort zone of everyday life and enter a place with different culture, environment, weather and colour. However, I don’t travel with the expectation of finding a ‘eureka’ moment of inspiration. It’s more important to gain energy from a diligent lifestyle for me, kind of like an athlete. When I visit a new place or go travelling, it’s usually for a vacation or a time to rest; for instance, a quiet bar or rare record stores that still manage to exist in Korea.

Peux-tu nous en dire plus sur ta palette de couleurs, comment les choisis-tu ?
Je n’ai pas l’impression d’utiliser beaucoup de couleurs en comparaison à d’autres designers, c’est plus une vision du public j’imagine. Les couleurs peuvent être un élément important pour communiquer le message, j’essaye de les limiter à deux ou trois car je pense qu’elles permettent une transmission du message plus claire et concise. Ça peut être du noir, un bleu profond, des couleurs métalliques comme de l’or ou de l’argent, du fluo ou simplement du blanc, ça dépend vraiment du message que j’essaye de transmettre.
I don’t think I use a lot of colours in comparison to other colourful designers, but I guess it’s up to the audience to decide. Colours can be an important element in communicating the intended message, but I try and limit its number to only two to three colours, because I believe that it then allows for more succinct and stronger transmission of message. This point-colour can be black, vibrant blue, metallic colours like gold or silver, fluorescent, or white, but it really depends on the content of the message I’m trying to convey.
Tu fais beaucoup de visuels pour des disques ou des labels, est un moyen pour toi d’associer le travail et une passion ?
J’ai toujours aimé la musique, et bien sûr la création de pochettes. Plus jeune, j’aimais beaucoup le groupe Hipgnosis et leurs visuels, puis j’ai commencé à écouter du jazz, j’ai apprécié les sonorités des Blue Notes et les albums du label ECM. Je ne peux pas prétendre que la création pour l’industrie musicale représente la majeure partie de mon travail. Mais ce type de design m’intéresse beaucoup. Je suis toujours senti proche de ce milieu de par mon attrait pour la musique en grandissant, j’ai réalisé de nombreuses pochettes pour différents labels et mon portofolio s’en est naturellement enrichit.
I always liked music itself, and of course album design as well. When I was young, I really liked Hipgnosis and their strong visuals, then once I started listening to jazz, I appreciated artworks of blue note or ECM albums. I cannot say that designing for the music industry is a big part of my work, in terms of time I spend in creating them and income they bring to our studio. However, these types of designs mean a lot to me. I feel close to them as I grew up enjoying them, and I’ve been designing for a couple of music companies for various projects and albums they release, and I guess my portfolio for the musical industry built up naturally.

Tu as monté ton studio de design graphique, Studio FNT (Form ans Thought) en 2006, est ce une façon de séparer ton travail artistique de celui pour des marques ? Combien êtes-vous dans cette équipe ?
Je suis agréablement surpris et content que tu me poses cette question. Beaucoup de personnes pensent que Studio FNT représente l’intégralité de mon travail en tant que designer, mais le travail que je crée pour le studio et mon travail personnel sont très différents. J’ai monté le Studio avec deux associés qui travaillent sur différents postes. Je suis responsable de la conception, un de mes associés s’occupe de la stratégie et l’orientation de nos gros projets et le troisième gère la production. En plus de nous, il y a une ou deux personnes qui aident pour les projets qui demandent plus de travail.
Dans les projets que je mène en solo, je considère qu’il font partie du travail pour Studio FNT si ils sont destinés à une large audience et je respecte dans ce cas la direction artistique et la stratégie de marque du studio. Au contraire, les œuvres que je produis sont traitées de manière différente, plus librement et subjectivement, sans penser au profit financier qu’elles pourraient ou non rapporter. C’est cette approche qui différencie mon travail artistique de celui pour le studio.
I’m pleasantly surprised and thankful that you looked carefully enough to pose this question. A lot of people think studio fnt is the equivalent of me as a designer, but really, work I do for the studio and my own work are quite different.
I established studio fnt but I have two partners who work on different things. I am responsible for designed outputs, one partner is responsible for the general strategy and setting direction of our big projects, and the last partner is responsible for managing the production process. There are one to two staff at studio fnt, who help in larger projects that require teamwork. Even for projects that I take on alone, I consider it work of the studio if it is for a greater target audience and align with the direction of our brand strategies. I consider works that I do freely, subjectively and personally without having to think too much about the profit it makes, my own work.
Tu enseignes également le design graphic, quelle est ton approche de l’enseignement ? Quels sont les fondamentaux que tu transmets à tes élèves ?
Je ne souhaite pas les pousser à adopter mon approche du design, j’essaye de les aider à définir leur propre style. J’enseigne généralement à des élèves de dernière année qui se préparent à leur exposition de fin d’étude, c’est très difficile de les aider. En y repensant, au moment de ma propre exposition de fin d’étude je ne savais pas trop comment m’y prendre. Le but principal est de les aider à trouver leur patte, quelle qu’elle soit.
I don’t want to force my own style or design methodology to my students, I try to help them find their own instead. I usually take on the class of senior students who are already getting ready for their degree show, so it’s difficult to help them find something then. Looking back, I was a blank canvas myself when I graduated. The main goal is to help them find their path, whatever it may be.

Quels sont tes projets à venir ?
Je viens tout juste de commencer à travailler sur un livret pour un musée et sur l’identité visuelle et tout ce qu’il en découlera pour un festival de films qui aura lieu l’été prochain. Je viens de terminer le design d’un album de free jazz et le packaging d’un maxi vinyle 45 tours, j’ai également travaillé à la refonte du design d’un 33 tours d’électro Coréenne sorti il y a 29 ans. La réédition de cet album a été un projet particulièrement intéressant pour moi car le musicien a le même nom que moi. Sinon, nous nous préparons à lancer une ligne de packaging sur notre shop TWL.
I just started working on a manual for printed materials for an art museum, and have an identity design and its follow up promotional material designs for a film festival in the summer. I just finished designing a free jazz album and packaging of 12 inch vinyl, and also a redesign of a Korean electronic 10 inch vinyl EP which was first released 29 years ago. The re-issue of this album was a specially interesting project for me, because the musician has a same name as myself. Otherwise, TWL is preparing to launch our own package products.
Recent comments